Dans les tourbières encore gelées d'une fin d'hiver, Cyntha me trouva.
Je devins un parmi cinq, tous orphelins et tous élevés par son humanité.
Son affection fut telle que chaque enfant de la fratrie se sentait unique. Elle sut donner à chacun assez d'amour pour s'épanouir et assez de force pour se protéger. Je grandis dans les rires de l'innocence mais également dans les affres périlleux de l'apprentissage.
"Les Terres du Nord sont le début de grands sages et de grands guerriers mais hélas la fin de beaucoup d'autres" me répétait ma mère.
Très tôt Je dus apprendre à chasser, manier l'épée,communiquer en six langues (dont le zwanghi), me préserver de la toundra et des hommes.
Je n'avais pas onze ans qu'un soir elle se confia. Près du feu elle sortit un tissu daté et me me fit une révélation."Gus,tu étais fragile quand je t ai recueilli, presque mourant même,mais ce linge a su t'épargner".
Regarde.
Et là je vis un symbole brodé, un nom : Morlach, et une phrase sybilline: "Tu trouveras au sud un aboutissement à ton chemin et une réponse à tes doutes".
Je devais percer le mystère de cet étrange signe et retrouver mes racines,un nom, un simple nom comme un début de piste . Mère comprit à cet instant ma détermination et elle n'eut de cesse depuis cet instant de me préparer à mon futur envol.
Chaque jour, Je redoublais d'effort. A treize ans, je connaissais les arcanes de l'alchimie et la fabrication des glyphes.A quinze ans, je pouvais à son grand désespoir, tuer un tigre à main nue, à l'arc ou à l'épée. Pourtant,tout ne fut pas simple, je faillis mourir et me décourager de nombreuses fois, mais à chaque instant une force indicible me tenait debout.
Toute ces années,je vis des mages, des guerriers, des chamans, des femmes, des princes et des fous, et malgré mon jeune age et mon indigence, tous m'écoutèrent et me conseillèrent.
Demain aux premières lumières de l'aube, je partirai. Je sais que la route sera longue et parsemée d’embûches mais je n'ai pas d'autres choix. Je suis face à la cheminée, la main serrée sur le pommeau de mon épée, quelques étincelles semblent partir ver le sud.
Je ferme les yeux. Je suis prêt.